sábado, 1 de noviembre de 2008

Lettre à un Chrétien

Joyeux Noël ?





Mon bien cher frère,

Si aujourd’hui j’ai décidé de te parler de la fête de Noël, c’est parce que, entre toutes les fêtes de la chrétienté, il s’agit certainement de la plus importante. Tous les chrétiens se doivent de fêter Noël, célébrant ainsi la naissance de Jésus. Selon la bible, le fils de Dieu s’est fait homme et mortel pour vivre parmi nous.

De tout ce que nous possédons ou que nous pourrions posséder, il n’y a rien d’aussi essentiel et aussi important que la vie. Naître, c’est entrer dans l’immense confrérie des hommes; c’est entrer dans l’impatiente et longue recherche de l’amour et du désir de vérité, de cette vérité que nous semble tellement trouble et lointaine. Une naissance devrait toujours être un motif de joie et de plaisir; un renouvellement de l’espoir éternel, ce frère siamois de la vie.

Peut être est ce là que nous devons voir le véritable sens du symbolisme de la fête de Noël, un être infini qui vient au monde, dans notre monde, pour partager avec nous, l’essentiel de la vie. L’Homme est avant tout une vie consciente d’elle-même, c’est ce qui, sans aucun doute, le rend responsable de ses actes. C’est pour cela peut être qu’il nous convient de réfléchir, lorsque vient l’heure de célébrer une naissance qui avait pour objectif de nous transformer en êtres bons et solidaires.

Ainsi, je me pose la question de savoir quelle classe de fête de Noël est celle que célèbre notre monde, baigné dans le sang des autres, un monde égoïste, non solidaire, matérialiste et d’une stupidité qui fait peur. Quelle sincérité est celle là qui se perd entre le massepain et le champagne, le sapin qui se meurt, les Rois Mages qui ont perdu leur étoile et qui se changent pour un papa Noël obèse et un peu con ?

Quelle comédie monstrueuse et auto complaisante est celle des campagnes commerciales de Noël qui n’ont d’autre but que de nous faire consommer plus de produits dont nous pourrions très bien nous passer. Ou cette coutume ridicule qu’ont certains Chrétiens de garder une place libre a la table de leur repas de Noël, pour y assoir un pauvre qu’ils n’inviteront jamais et qui ne sonnera pas à leur porte, laissant ainsi une assiette éternellement vide.

Les deux tiers des habitants du monde meurent de faim pendant que trinquant nos verres de champagne dans nos foyers tièdes et confortables, nous faisons á Dieu des clins d’œil de complicité, nous mangeons et buvons a satiété, célébrant ainsi notre Noël tant attendu. Nous ne nous rendons même pas compte que nous nous sommes convertis en l’aubergiste de Bethléem.

Une fois de plus nous sommes devenus dépendants des moyens qui justifient une fin mais nous avons oublié trop rapidement peut être, quelle était cette fin, c'est-à-dire de ce qui était réellement l’important : nous transformer en êtres bons et solidaires.

Nous continuons et continuerons à célébrer avec la plus grande hypocrisie possible, la naissance d’un enfant qui n’a jamais parlé d’autre chose que d’amour, de renoncement, de compassion et de communion. Continuons donc à boire et nous goinfrer jusqu’à en tomber par terre en prenant pour excuse le nouveau né de Bethléem.

Que nous importe si la majorité des enfants qui vont naître cette nuit trouveront ou non une place dans l’étable de l’auberge ! Que nous importe qu’ils aient ou non le cœur des Anges qui leurs chantent la gloire de Dieu dans les cieux en annonçant la paix pour tous les hommes de bonne volonté ! Je crains que, malheureusement, les Anges ne prennent pas le risque de s’aventurer dans un monde ou des millions d’enfants se meurent de faim… Mais qu’importe ! Nous continuerons notre gaspillage d’argent et nos orgies, nous continuerons à jeter des montagnes de nourriture aux ordures en prenant grand soin qu’aucun pauvre ne nous prive d’un morceau de dinde ou de buche de Noël.

Nous avons réussi à imaginer le mystère de Noël vêtu d’un costume fait sur mesure pour nous sentir plus commodes, nous lui avons quitté toute son essence et toute sa grâce, le transformant en un jouet, un mirage réfléchi par la lumière qui nous a éblouis. Quel dégoût devrait nous causer cette fête de Noël si pour satisfaire notre plaisir nous devons oublier que le mystère de sa célébration avait pour objectif de nous faire voir que nous sommes tous un seul et unique être qui n’appartient qu’à Dieu et que la vie, si elle ne se donne pas par amour, mieux vaut ne pas la donner.

L’aspect spirituel qui devrait prévaloir a cette époque de l’année est vidé de son sens par ceux qui emprisonnent, torturent et humilient leurs semblables en particulier ceux qui le font en invoquant le nom de Dieu ou sa volonté pour justifier leurs méfaits, oubliant que le spirituel ne se construit pas avec des faux idéaux sinon par des faits.

Nous avons créé un Noël rempli de fausses prières et de fausses oraisons, mais n’est-il pas vrai que nous prions et invoquons le seigneur pour lui demander qu’il soit à nos côtés, qu’il soit indulgent envers nous et nous aide dans nos malheurs. Certes nous lui demandons de l’aide avec sincérité, avec cette sincérité propre de nos égoïsmes et nos vanités. Nous supplions á Dieu qu’il soit avec les nôtres et peu nous importe ce qui arrivera aux autres, depuis nos propres voisins jusqu’à ceux qui se trouvent à l’autre bout du monde.

Enfermés dans nos foyers confortables, nous nous sentons très à l’aise pour demander la paix dans le monde, de la pointe des lèvres et en étant sur que personne ne viendra nous enlever un morceau de notre dinde ou de notre buche de Noël. Nous continuerons notre fête. Mais une chose est sure, les anges ne viendront pas bénir nos orgies parce qu’ils auraient honte de voir ce que nous avons fait de la fête de Noël.

Moi, pour ces jours là, je n’ai pas de place dans mon cœur pour les déguisés et les faux affectueux, ni pour ceux qui attendent les leurs derrière les vitres protectrices de leurs salons cossus et tièdes, les faux mystiques qui sentent la paix et la gloire de Dieu pour le temps d’une fête, je n’ai pas de place pour tous ces hypocrites qui ont ce qu’ils prétendaient : un Dieu acheté au comptant ou à crédit, qu’importe.

Dans mon cœur je ne garde une place que pour les esseulés, pour ceux a qui le bruit de la fête conformiste et commercialisée leur rouvre les blessures. Je garde une place pour les orphelins et pour les parents qui ont perdu un fils ou une fille qui leur semblait immortels. Je garde une place pour les veufs et les séparés qui vivent encore dans le doute de savoir s’ils ont bien fait de se séparer, pour les amants qui ont cessé de l’être et contemplent avec amertume une brosse à dent à côté de la leur ou quelque autre petit souvenir qui leur rappelle l’être aimé.

Dans mon cœur, je garde aussi une place pour ceux qui à leur côté prennent soin d’un malade ou d’un agonisant qui ne sait même pas que Noël est arrivé. Mais surtout je garde une place privilégiée pour ceux qui n’ont rien à manger et pour ceux qui ont perdu l’envie de manger, pour les prisonniers de toute classe, les sans abris, les expulsés et les rejetés par la société dite de bien être qui ne l’est que pour quelques uns alors que la majorité des autres doit se contenter du rêve lointain et inatteignable d’un misérable et faux bonheur.

Parce que c’est pour eux, pour ceux qui n’ont plus rien à perdre, c’est pour eux que fut inventée la fête de Noël. La fête d’une vie qui commence et nous apporte un message d’amour, d’un amour plus important que les autres, le message de l’amour d’un homme pour ses semblables, parce que les autres sont nous-mêmes et que nous devrions nous réunir pour parler de cette vie qui commence au début de l’hiver, nue et sur la pointe des pieds, sans préambules et invisible.

Parce que ce sont les rejetés par l’aubergiste qui furent les protagonistes de la Noël, ils ne sont pas dans la douce chaleur de l’auberge de Bethléem, sinon qu’ils se trouvent dans l’étable de Bethléem. C’est pour eux que se fête la Noël, à côté de l’âne et du bœuf et c’est pour eux que l’on célèbre tous les ans, l’impressionnant et extraordinaire mystère de la vie.

Quand a tous les biens nantis et leurs semblables, qu’ils continuent à chanter, à boire et à manger jusqu’à en crever, car la célébration de la fête de Noël n’est pas faite pour eux.

Moi, je garde dans mon cœur une place pour tous les malheureux qui ont vu tomber sur eux le voile noir et le regard fixe de la solitude, car c’est pour eux que l’on fête Noël et parce que qu’ils sont ces jours-ci, plus encore que les autres, mes véritables frères.


Joyeux Noël…


Pierre COPPENS
Alicante - Décembre 2007

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